Pour admirer les œuvres de l’artiste Jason Decraire Taylor, il vous faudra enfiler une combinaison de plongée. Le musée Atlantique est le premier de ce type en Europe. Il est situé dans la magnifique île de Lanzarote dans l’archipel des Canaries. Il en existe deux autres dans le monde, l’un à Cancún au Mexique et l’autre à Grenades dans les Antilles. L’ambition de ce musée ? Sensibiliser aux questions de l’écologie et leur impact sur la vie humaine.
Le musée sous-marin
Il a fallu trois ans à l’artiste britannique pour mettre en place ces 12 installations comprenant 300 statues à taille humaine. Celles-ci ont été installées à 15 m sous la surface de la mer sur une étendue de sable blanc dans la baie de Las Coloradas, à Playa Blanca une station balnéaire en forte expansion. Comme dans la plupart de ses œuvres sous-marines précédentes les corps et les visages ont été moulés sur le modèle des habitants locaux. L’installation a nécessité la mobilisation d’une équipe de plongeurs et de bateaux-grues.
La plus grande œuvre est intitulée « Franchir le Rubicon ». Il s’agit d’une grande barrière de 30 m de long et 40 statues à figure humaine. L’ensemble de l’installation pèse plus de 100 tonnes. Chacun de ces personnages, certains aux yeux rivés sur leur smartphone, avance vers une petite ouverture qui traverse la grande barrière. Il s’agit de dénoncer l’absurdité des barrières dans un monde où nous devons fonctionner en tant qu’humanité face aux défis environnementaux.
Une œuvre « écoartistique »
Mais la démarche va bien au-delà du seul message artistique. Pour Jason Decaire Taylor il s’agit aussi de redonner aux océans. Ces sculptures deviennent des sortes de barrières naturelles sur lesquelles s’agglomère la flore aquatique. Il s’agit bien de recréer des récifs artificiels. Un véritable écosystème renaît au fil du temps, transformant une création humaine en un habitat naturel pour les organismes sous-marins. Il s’agit d’un art éphémère par lequel la trace de l’homme disparaît par la reconquête de la vie sous-marine sur un espace qui lui appartient. Lorsqu’il parle de son œuvre, l’artiste affirme modestement « qu’aucune réalisation humaine ne pourra égaler la beauté de la nature. » En attirant les visiteurs vers ces créations il s’agit aussi de désengorger les milieux fragiles perturbés par les plongeurs. Il affirme que les touristes qui ont visité une de ses installations aux Bahamas, « le géant Atlas », ont alerté les médias sur une importante fuite de pétrole provenant d’une raffinerie locale. Leur action a permis de faire pression sur le gouvernement qui a mené des actions pour régler immédiatement la situation. La démarche de l’artiste britannique paraît d’un intérêt fondamental puisque l’Institut Mondial des Ressources affirme qu’en 2050 la totalité des barrières de corail sera en danger d’extinction.
Source : Independent , Ted